Jusqu'à la fin du XIXe siècle, Notre-Dame de Tanya était le sanctuaire d‘un ermitage.
Aujourd'hui, cette chapelle est devenue une église secondaire de la paroisse de Laroque des Albères.
La chapelle, de style préroman à roman, date du IXe siècle. Elle est dédiée à la Vierge Marie.
Le nom de Tanya dérive du gallo-romain TANY (Tannus : chêne). De nombreux lieux en Catalogne, plus particulièrement dans les Albères, sont nommés TANYAREDA désignant des plantations de chênes.
La première mention de TANYA apparaît pour la première fois en 875, sous le toponyme « Villa Tagnane », lors d’un jugement qui opposa l’Evêque d’Elne – seigneur ecclésiastique du lieu – à un paysan défricheur à propos d’une terre qu’il exploitait indûment.
Puis, au cours des siècles, les mentions se succèdent : Tagnano en 972 ; Taniano en 1100, Tanyano en 1401 et Tanya pour la première fois en 1433.
A l’origine, la Villa Tagnano désigne un vaste territoire comprenant de nombreuses exploitations agricoles et 2 lieux de culte : La Claustra Sancti Felici (St Félix) aujourd’hui disparue, comprise sur le site de l’actuel Mas Manère et celle de Sancti Juliani (St Julien) actuel mas Sant Julia et plus tard le château et le village de Laroque.
L’une de ces 2 églises préromanes primitives pourrait se trouver sous l’actuelle chapelle N.D de Tanya édifiée au XIIè siècle.
L’évolution architecturale :
A l’origine, l’édifice comprenait une nef à deux travées charpentées et un chœur vouté en cul de four.
- IXème : construction d’un édifice à chevet trilobé accolé à une nef charpentée ayant au moins deux travées.
- XIIIè siècle : agrandissement de la nef vers l’ouest la couvrant d’une voûte en berceau brisé. Doublement des piliers et construction de la sacristie au nord-ouest contre l’abside centrale et l’absidiole.
- XIVème au XVIIème : construction d’une sacristie contre et entre l’abside et l’absidiole.
- XVIIè siècle : Fondation en 1688 (hermita Nostra senyora de Tanya) d’un ermitage plus important où 4 ermites se succèdent jusqu’à la révolution française. Bâtiment qui existe toujours.Ouverture de la porte façade sud. Elle était alors l’entrée principale de la chapelle.
- XVIIIè siècle : ouverture du portail occidental et construction de l’actuelle tribune.
Dans le mur extérieur de la chapelle, près du portail sud, se trouve une pierre épigraphique au nom de Bernard Garriga, personnage important de Laroque au XIIIème siècle. Il comporte, aux quatre coins, la première représentation du blason de Laroque (Roc d’échiquier, emblème des Sagarriga, puissante famille).
"Est mort Bernat Garriga, le 10 des calendes de septembre de l'an 1298, lecteur très cher, prie le Seigneur pour moi en disant un Notre Père, Toi qui regarde ce tombeau, pourquoi ne méprises-tu pas les biens de ce monde puisque tout le monde doit être enfermé dans une pareille demeure ?"
Au nord se situait le cimetière. Dans les années 70, lorsque le quartier s‘est développé et que la route a été construite, des ossements ont été retrouvés. Mais les fouilles n’ont pas été poursuivies.
Intérieur de la chapelle de Tanya
Le retable :
Installation dans l’abside centrale entre 1771 et 1777. La première date correspond à la pose de l’ensemble sculpté et la deuxième celle de l’applique de la polychromie et de la dorure à la feuille. Il a été restauré de 2006 à 2008.
Au cœur de la niche centrale se trouvait une statue en plâtre moulé de la Vierge à l’Enfant (offerte par une famille de Laroque) beaucoup trop lourde, remplacée par la statue d’origine
De chaque côté : deux statues servant de porte-flambeaux.
La table d’autel est surmontée de quatre gradins avec, au centre, le tabernacle.
Le couronnement important du retable représente Dieu le Père au-dessus d’une tête d’angelot.
Le chœur :
De part et d’autre se trouvent deux absidioles contenant chacune un petit autel.
Le maître-autel a été utilisé jusque dans les années 1960-70, à une époque où les prêtres tournaient le dos aux paroissiens pour dire la messe.
Un autre autel a été ajouté pour faire face au public.
A noter parmi les statues ornant les murs de la chapelle, la présence de Saint Expédit, commandant romain converti au catholicisme et décapité, toujours vénéré en certains endroits du monde surtout sur l’ile de la Réunion pour les déshérités en guise de faveurs (trouver du travail, gagner de l’argent), n’est plus reconnu comme Saint par l’Eglise catholique.
Réputé pour être le saint patron des hommes d’affaires ainsi que des étudiants en période d’examen.
Les habitants de Laroque, alors jeunes gens, venaient régulièrement le prier.
Restauration :
- 2005 La commune fit procéder « à un état des lieux de l’édifice aux plans archéologique et architectural ».
- 2012 Restauration de l’intérieur de la chapelle et de la statue de Saint Roch en bois polychromé doré du 18ème siècle.
Saint Roch (1295 - 1337) : Né à Montpellier d'une famille noble, devenu orphelin à l'âge de 20 ans, il distribua tous ses biens aux pauvres et il parti en pélerin pour l'Italie, alors ravagée par la peste, pour soigner les pestiférés.
- 2014-2016 Ravalement extérieur. Remplacement de la petite cloche fissurée et devenue dangereuse pour une cloche neuve effigie « Vierge à l’enfant » et texte : « Marie 2016 » baptisée par Monseigneur Turini, évêque de Perpignan le 20 novembre 2016.
Utilisation de la chapelle :
Eglise secondaire de la paroisse de Laroque des Albères et lieu de concerts classiques.
Chaque année le 1er dimanche de septembre, est célébrée la fête de N.D de Tanya par l’Association « Le Patrimoine de Laroque » commençant par un office religieux, suivi d’un apéritif et d’un repas pris en commun sous les platanes devant la chapelle pour se terminer par un concert.
Bigliographie :
Sarl Acter : David Maso archéologue.
Henri Loreto : Conservateur délégué des antiquités et objets d’art.
Emmanuel Coste : curé de Laroque.
Jean Marie Pierre
Jean Pierre Lacombe Massot